Page:Cyrano de Bergerac - Œuvres, 1676, volume 1.djvu/88

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

raconte des Eſprits ; il me ſemble avoir obſervé beaucoup de choſes bien conſiderables pour me débarraſſer de cette chimere. Premierement on ne m’a jamais recité aucune Hiſtoire de Sorciers, que je n’aye pris garde qu’elle eſtoit ordinairement arrivée à 3. ou 4. cent lieües de là. Cét éloignement me fit ſoupçonner qu’on avoit voulu dérober aux curieux, l’envie & le pouvoir de s’en informer ; joignez à cela, que cette bande d’Hommes habillez en Chats, trouvée au milieu d’une Campagne, ſans témoins, la foy d’une perſonne ſeule doit eſtre ſuſpecte en choſe ſi miraculeuſe ; Prés d’un Village, il en a eſté plus facile de tromper des Idiots : C’eſtoit une pauvre Vieille ? Elle eſtoit pauvre, la neceſſité l’a pû contraindre à mentir pour de l’argent. Elle eſtoit Vieille, l’âge affoiblit la raiſon, l’âge rend babillard ; Elle a inventé ce conte pour entretenir ſes voiſines ; l’âge affaiblit la veuë, elle a pris un Lièvre pour un Chat ; l’âge rend timide, elle en a crû voir 50. au lieu d’un : Car enfin il eſt plus facile qu’une de ces choſes ſoit arrivée, qu’on voit tous les jours arriver, qu’une avanture ſurnaturelle, ſans raiſon & ſans exemple. Mais de grace examinons ces Sorciers pris : Vous trouverez que c’eſt