Page:Cyrano de Bergerac - L autre monde ou Les états et empires de la lune et du soleil, nouv éd, 1932.djvu/26

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

rigoureux pendant lequel il fallut aller chercher des fourrages et des vivres en culbutant l’ennemi. Dans une de ces sorties, Cyrano reçut un coup de mousquet au travers du corps ; il n’était pas encore sur pied quand la garnison, que la famine eût forcée de se rendre, fut délivrée le 21 juin 1639 par l’arrivée des troupes du maréchal de Chatillon.

L’année suivante, la campagne s’ouvrit en Picardie et en Artois.

Cyrano rétabli, bien que soutirant encore de sa blessure, reprit du service dans l’armée du roi, commandée par trois maréchaux de France, qui assiégeait Arras. On donna plusieurs assauts à la place. Atteint d’un coup d’épée à la gorge, il n’eut pas la satisfaction d’assister à la reddition de la ville qui ouvrit ses portes le 9 août 1640.

Ces deux blessures, sans l’avoir rendu impotent, le décidèrent à sortir d’une carrière où la Providence lui témoignait trop d’indifférence.

Son passage à l’armée lui avait valu l’estime et surtout l’affection de ses chefs et des officiers de son régiment : celle du brave Cavois, tué à la bataille de Lens, du vaillant Hector de Brissailles, enseigne des gendarmes de S. A. R., de MM. Le Bret (frère de Henry Le Bret), de Zeddé, Duret de Montchenin, de Bourgogne, de Saint-Gilles, tous du régiment de Conti, de MM. de Chasteaufort, Royer de Prade, etc.

Le Bret nous a conservé le récit de la plus fameuse prouesse de Cyrano. Il accompagnait un de ses amis quand, en arrivant sur le fossé de la Porte de Nesle, il se trouva en face de cent hommes qui attendaient cet ami — ce n’est pas Lignières — pour l’insulter et le frapper : Cyrano eut l’audace de s’attaquer seul à ces spadassins, il en tua deux et en blessa deux autres.