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Page:Cyrano de Bergerac - L autre monde ou Les états et empires de la lune et du soleil, nouv éd, 1932.djvu/304

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à posséder le fer, comme le fer ramasse tout son être à jouir de l’aimant. C’est donc de la sève de ces deux arbres qu’a découlé l’humeur dont ces deux métaux ont pris naissance. Devant cela, ils étoient inconnus ; et si vous voulez savoir de quelle matière on fabriquoit des armes pour la guerre, Samson s’armoit d’une mâchoire d’âne contre les Philistins ; Jupiter, Roi de Crète, de feux artificiels, par lesquels il imitoit la foudre pour subjuguer ses ennemis ; Hercule enfin avec une massue vainquit des tyrans, et dompta des monstres. Mais ces deux métaux ont encore une relation bien plus spécifique avec nos deux arbres : vous saurez qu’encore que cette couple d’amoureux sans vie inclinent vers le pôle, ils se s’y portent jamais qu’en compagnie l’un de l’autre ; et je vous en vais découvrir la raison, après que je vous aurai un peu entretenu des pôles.

« Les pôles sont les bouches du Ciel, par lesquelles il reprend la lumière, la chaleur, et les influences qu’il a répandues sur la Terre : autrement si tous les trésors du Soleil ne remontoient à leur source, il y auroit longtemps (toute sa clarté n’étant qu’une poussière d’atomes enflammés qui se détachent de son globe) qu’elle seroit éteinte, et qu’il ne luiroit plus ; ou que cette abondance de petits corps ignés qui s’amoncellent sur la Terre pour n’en plus sortir, l’auroient déjà consumée. Il faut donc, comme je vous ai dit, qu’il y ait au Ciel des soupiraux par où se dégorgent les réplétions de la Terre, et d’autres par où le Ciel puisse réparer ses pertes, afin que l’éternelle circulation de ces petits corps de vie pénètre successivement tous les globes de ce grand Univers. Or les soupiraux du Ciel sont les pôles par où il se repaît des âmes de tout ce qui meurt dans les Mondes de chez lui, et tous les Astres sont les bouches, et les pores par où s’exhalent derechef ses esprits. Mais pour vous montrer que ceci