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Page:Cyrille de Jérusalem, Œuvres complètes, trad. A. Faivre, 1844 tome 2.djvu/21

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d’autres succédèrent. La face de celui qui avec un peu de salive avait ouvert les yeux de l’aveugle-né (Jn. 9,6) fut bientôt couverte de crachats. O peuple insensé ! Ô stupide nation ! Est-ce ainsi que tu reconnais les bienfaits du Seigneur ? (Deu. 32, 6.) Entends-tu le Prophète qui, stupéfait de ton aveuglement, s’écrie avec douleur : Qu’est-ce qui a cru à nos paroles ? (Is. 51,1.) Est-il en effet croyable qu’un Dieu, le Fils de Dieu, le bras du Seigneur (Ibid.) soit ici le jouet de cette ignoble valetaille ? Mais ici l’Esprit-Saint vient au secours de la foi chancelante de ceux qui veulent être sauvés, et fait parler le Prophète au nom du Christ : J’ai livré mon dos à ceux qui me frappaient. (Is. 51, 6.)
Car ici il réalise les paroles que le Prophète lui avait mises dans la bouche : Je n’ai point soustrait mes joues ni ma face à l’infamie des crachats. (Is. 50, 6.)
C’est ainsi que le Prophète fait parler le Christ lui-même. C’est comme s’il se fût dit à lui-même : Comment pourrais-je fortifier mes disciples contre la terreur des supplices jusqu’à préférer la mort, plutôt que de trahir la vérité, si je ne leur en donne pas moi-même l’exemple ? N’est-ce pas moi qui ai dit : Celui qui aime son âme, la perdra ? (Jn. 12, 23.) Si je tiens à la vie, si je ne mets pas en pratique ce que j’ai enseigné, de quel profit seront pour les hommes les leçons que je suis venu leur donner ? Quoiqu’il fût Dieu, il laissa patiemment à la malice humaine épuiser sa rage sur son auguste personne, pour nous apprendre à tout souffrir de la part des hommes pour sa gloire, comme il avait tout souffert pour nous.