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Page:Cyrille de Jérusalem, Œuvres complètes, trad. A. Faivre, 1844 tome 2.djvu/53

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l’homme. Alors chaque peuple, chaque ville, croyant ou feignant de croire que toute la nation était coupable, lorsqu’un crime avait été commis dans son sein, pour ne pas sacrifier un parent, un ami, un homme puissant, un fils, un frère, s’emparait du premier étranger qu’elle rencontrait, et l’immolait à ses Dieux. De là le mot de supplice, de supplier la Divinité avec le sang innocent.
La peste ravage l’armée des Grecs devant Troye : c’est qu’Apollon est irrité, parce que sa prêtresse a été enlevée ; il faut l’apaiser. Calchas son devin annonce que la peste ne cessera que quand on lui aura sacrifié une vierge, et une vierge du sang royal, Iphigénie, innocente, étrangère à l’enlèvement de Chryséide. Voilà l’hostie, De là, les sacrifices de Pylade sur les terres de Thoas, ceux des trente jeunes Athéniens voués annuellement au Minotaure de Crète, celui des filles de Leo. (Voy. Théodoret. Demonstrat. lib. 2, cap. 15.)
De là ces sacrifices humains, surtout ceux des enfants dans l’âge d’innocence en vogue chez les Chananéens, les Phéniciens, les Tyriens, les Carthaginois ; en vogue chez les Romains qui, pour se garantir de l’invasion des Gaulois, d’après le conseil des Aruspices, enterrent vifs deux Grecs et deux Gaulois ; en vogue chez nos aïeux, dans les Gaules jusqu’à l’établissement du Christianisme (vid. de Bello gallico, vi, 16) ; en vogue encore aujourd’hui chez les Païens des Indes et du Japon.
De là ces dévouments suicides qui ne peuvent avoir pour base qu’une antique vérité profondément et universellement gravée dans le cœur de l’homme : Il faut qu’un meure pour tous. Oportet unum mori pro omnibus. Dernier oracle de la Synagogue. (Voy. ce que nous dirons de Jonas, Catéch. xiv, 17.) (Note du Traducteur.)
(B). pag. 11. – C’est la ruine de votre Jérusalem.
Jérusalem détruite par Tite et Vespasien et qu’Hadrien acheva de raser, fut tellement éclipsée par la ville dite Ælia que cet Empereur fit bâtir non loin de la première, que l’ancienne ville tomba totalement dans l’oubli parmi les Gentils, au point qu’on demanda un jour à Firmilianus préfet de la Palestine, au commencement du IVe siècle, où était située Jérusalem. Il répondit qu’il n’en avait jamais entendu parler. (Eusèbe, His(. Eccles. lib. vin, 21.)