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couverts où parurent le roi Louis XVI, la reine Marie-Antoinette et toute la famille royale, avec le cérémonial de l’ancienne monarchie.

Dans ces occasions, le public était admis à circuler autour de la table royale. Les yeux des spectateurs venus pour admirer les magnificences de Versailles et l’attention même de la famille royale furent, ce jour‑là, attirés par la beauté de l’enfant qui se trouvait au premier rang des curieux. La reine remarqua qu’elle paraissait à peu près de l’âge de Madame Royale, et envoya une de ses dames demander à la mère de cette charmante enfant de la laisser venir dans les appartements où la famille royale se retirait. Là, Juliette fut mesurée avec Madame Royale et trouvée un peu plus grande. Elles étaient en effet précisément de la même année, et elles avaient alors onze ou douze ans. Madame Royale était fort belle à cette époque ; elle parut médiocrement satisfaite de se voir ainsi mesurée et comparée avec une enfant prise dans la foule.

Ce fut à l’église Saint‑Pierre‑de‑Chaillot, en 1791, que Juliette fit sa première communion. À l’époque où M. Bernard avait rappelé sa fille auprès de lui, sa femme était jeune encore, remarquablement agréable, spirituelle et gracieuse. Leur existence était aisée, élégante ; tous deux aimaient à recevoir, et leur maison, ouverte à tous les gens d’esprit, devait l’être surtout aux Lyonnais. Mme Bernard re-