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Page:Cyvoct - Souvenirs de madame Recamier.djvu/49

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cherchait et attirait les gens de lettres ; elle avait une loge au Théâtre-Français, et donnait à souper plusieurs fois par semaine.

Ce fut chez sa mère que Juliette connut M. de La‑harpe. Lemontey, venu à Paris, qu’il ne quitta plus, comme député à l’Assemblée législative, était fort assidu chez Mme Bernard ; Barrère y était reçu, et rendit plus d’un service à la famille dans les mauvais jours de la révolution. Entre les Lyonnais qui fréquentaient le plus habituellement cette maison se trouvait M. Jacques Récamier, qui occupait déjà une situation importante parmi les banquiers de Paris. J’entre dans quelques détails à son sujet.

Jacques-Rose Récamier était né à Lyon en 1751 ; il était le second fils d’une nombreuse famille dans laquelle s’étaient conservées les traditions de la piété, des bonnes mœurs et du travail. Son père, François Récamier, doué d’une grande intelligence commerciale, avait fondé à Lyon une très‑considérable maison de chapellerie, dont les relations les plus importantes étaient avec l’Espagne. En s’établissant à Lyon, il n’avait point pour cela renoncé au Bugey, son pays natal, et tous ses enfants furent comme lui fidèlement attachés à ce village et à ce domaine de Cressin qu’ils appelaient le berceau des Récamier.

Jacques avait été de très-bonne heure le voyageur de la maison de son père ; les intérêts de leur com-