nions un frémissement d’admiration, de curiosité, d’enthousiasme, d’autant plus vif qu’il avait toute la spontanéité des impressions de la multitude. Sa présence était partout un événement. Je crois qu’il n’est point inutile de rappeler aussi que cette époque était celle d’une renaissance très-prononcée du goût et d’une passion pour les arts que l’influence de David et de son école avait répandue dans tous les rangs, et qui affectait des formes toutes païennes dans son idolâtrie de la beauté. Toutes ces circonstances peuvent servir à faire comprendre la promptitude avec laquelle la beauté de Mme Récamier devint non-seulement célèbre, mais populaire. En voici deux exemples entre bien d’autres que je pourrais citer.
Lorsque le culte se rétablit et que les églises se rouvrirent aux cérémonies religieuses, on demanda à Mme Récamier de quêter à Saint-Roch pour je ne sais quelle bonne œuvre ; elle y consentit. Au moment de la quête, la nef de l’église se trouva trop petite pour la foule qui l’obstruait. On montait sur les chaises, sur les piliers, sur les autels des chapelles latérales, et ce fut à grand’peine si l’objet de cet empressement, protégé par deux hommes de la société (Emmanuel Dupaty et Christian de Lamoignon), put fendre le flot des curieux et faire circuler la bourse des pauvres. La quête produisit vingt mille francs.