Page:Cyvoct - Souvenirs de madame Recamier.djvu/57

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du plein midi ne faisaient que mieux ressortir ; son nom ne tarda pas à circuler dans cette masse compacte qui allait grossissant, et qui, d’une commune voix, la comparant aux beautés contemporaines et présentes, la salua la plus belle à l’unanimité.

On a tant parlé de la danse de Mme Récamier qu’il convient peut-être d’en dire un mot. Belle et faite à peindre, elle excella en effet dans cet art. Elle aima la danse avec passion pendant quelques années, et, à son début dans le monde, elle se faisait un point d’honneur d’arriver au bal la première et de le quitter la dernière ; mais cela ne dura guère. Je ne sais de qui elle avait appris cette danse du châle, qui fournit à Mme de Staël le modèle de la danse qu’elle prête à Corinne. C’était une pantomime et des attitudes plutôt que de la danse. Elle ne consentit à l’exécuter que pendant les premières années de sa jeunesse. Pendant le triste hiver de 1812 à 1813 que Mme Récamier, exilée, passa à Lyon, un jour que l’isolement lui pesait plus cruellement que de coutume, pour tromper son ennui et sans doute aussi se rappeler d’autres temps, elle voulut me donner une idée de la danse du châle : une longue écharpe à la main, elle exécuta en effet toutes tes attitudes dans lequelles ce tissu léger devenait tour à tour une ceinture, un voile, une draperie. Rien n’était plus gracieux, plus décent et plus pittoresque que cette succession de mouvements ca-