Page:Cyvoct - Souvenirs de madame Recamier.djvu/64

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rieure. De son côté, elle fixait sur moi ses grands yeux, mais avec une curiosité pleine de bienveillance, et m’adressa sur ma figure des compliments qui eussent paru exagérés et trop directs, s’ils n’avaient pas semblé lui échapper, ce qui donnait à ses louanges une séduction irrésistible. Mon trouble ne me nuisit point ; elle le comprit et m’exprima le désir de me voir beaucoup à son retour à Paris, car elle partait pour Coppet. Ce ne fut alors qu’une apparition dans ma vie, mais l’impression fut vive. Je ne pensai plus qu’à Mme de Staël, tant j’avais ressenti l’action de cette nature si ardente et si forte. »

L’hôtel de la rue du Mont-Blanc une fois acquis de M. Necker fut confié à l’architecte Berthaut pour être restauré et meublé, et on lui donna carte blanche pour la dépense. Il s’acquitta de sa tâche avec un goût infini et se fit aider dans son entreprise par M. Percier. Les bâtiments furent réparés, augmentés. Chacune des pièces de l’ameublement, bronzes, bibliothèques, candélabres, jusqu’au moindre fauteuil, fut dessiné et modelé tout exprès. Jacob, ébéniste du premier ordre, exécuta les modèles fournis ; il en résulta un ameublement qui porte l’empreinte de l’époque, mais qui restera le meilleur échantillon du goût de ce temps et dont l’ensemble offrait une harmonie trop rare. Il n’y