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« Juliette ! oubliez mes vœux s’ils vous offensent… rappelez-moi si vous me plaignez, — mais voyez toujours dans celui qui vous écrit un homme qui mettra dans toutes les occasions sa félicité à contribuer à la vôtre.

« L. B. »

Quelques mois après qu’il eut cessé de venir chez Mme Récamier, Lucien lui fit redemander ses lettres. M. Sapey se chargea de cette mission dont le but était de faire disparaître les témoignages d’un amour toujours rebuté et d’une rigueur humiliante pour l’amour-propre.

N’ayant pu les obtenir une première fois, M. Sapey revint à la charge et n’épargna pas même les menaces. Mme Récamier persista à ne pas se dessaisir de ces lettres, et à mon tour je les garde comme l’irrécusable témoignage de sa vertu.

L’hiver qui suivit le 18 brumaire, de 1799 à 1800, fut très-brillant à Paris. Lucien occupait le poste de ministre de l’intérieur, et son amour pour Mme Récamier était dans toute sa ferveur. J’ai dit les raisons pour lesquelles M. Récamier exigeait qu’elle ne le rebutât pas absolument ; elle dut par les mêmes motifs accompagner son mari à l’une des fêtes données par Lucien : il s’agissait d’un dîner et d’un concert offerts au premier consul. Cette soirée fut pour Mme Récamier la seconde occasion de voir