Page:D'Hérisson - La Légende de Metz, 1888.djvu/19

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par les flammes du terrible incendie allumé par Mélac après le sac du château.

La jeunesse de la célèbre Université est élevée dans l’horreur des barbares qui vinrent brûler cette merveille. J’en sais quelque chose, ayant moi-même, pendant trois ans, suivi les cours de la Ruperto-Carola. Ces ruines grandioses et pittoresques, qui ont plus fait pour la fortune d’Heidelberg que n’aurait pu faire le palais dans sa splendeur primitive, sont entretenues avec un soin particulier. L’on répare, il est vrai ; mais on répare en remplaçant les pierres dégradées par de nouvelles, tout en laissant au monument son aspect délabré.

II faut bien conserver aux générations futures ce témoignage accablant du vandalisme français !

Il faut entendre les ciceroni, traînant à leur suite une bande de visiteurs, répéter d’une façon presque fatigante : « Ceci a été détruit par une armée française. Cette partie a été incendiée par l’ordre du roi de France ; cette autre aussi, etc., etc. » Et chaque fois que le cicerone répète sa lamentable leçon, tous les visiteurs se regardent, et il s’en faut de bien peu qu’ils ne disent tout haut : Oui, vraiment, ces Français sont de misérables vandales. Nous n’avons jamais rien fait de semblable chez eux, ni ailleurs.

Seulement, ce que les professeurs de l’Université ne disent pas, ce que les guides du château ont ordre de ne pas dire davantage, c’est que si, en effet, les armées de Turenne et de Mélac dévastèrent le Palatinat, de