Page:D'Hérisson - La Légende de Metz, 1888.djvu/20

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même que celles de l’empereur Guillaume bombardèrent, ruinèrent et brûlèrent nos villes françaises, — après ces guerres l’électeur Charles-Théodore reconstruisit le château d’Heidelberg ; et que le fameux incendie, dont on voit encore aujourd’hui les traces ; fut allumé par la foudre, à laquelle, j’aime à le croire, Louis XIV, Turenne ni Mélac n’avaient pu donner d’ordre. Mais la légende est utile : elle stimule le patriotisme et entretient la haine.

Dans l’église du Saint-Esprit, qui est sur la place du marché d’Heidelberg, et qui offre cette particularité que, catholique jusqu’à midi, elle est protestante jusqu’au soir, le bedeau répète complaisamment, lui aussi, en montrant le monument, relativement moderne, du marquis de Forbin-Janson, qu’il y avait autrefois quarante corps appartenant à la famille des comtes palatins, enfermés dans la crypte ; il ajoute que, sur l’ordre de Louis XIV, les soldats de Turenne ouvrirent les cercueils et jetèrent les cendres au vent.

Je n’ai malheureusement pas de documents qui me permettent de vérifier ces assertions ; mais j’ai peine à croire qu’un pareil sacrilège ait été commis par des soldats français, et cela, sur l’ordre de Louis XIV. Mais, si vraiment le grand roi avait ordonné cette infamie, aussi odieuse qu’inutile ; si, pour satisfaire les rancunes de sa vanité, il avait poursuivi jusque dans le cercueil de ses ancêtres l’allié qui voulait se soustraire à son despotisme, le peuple français, en jetant à son