Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/107

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impatiente de quelque événement vivement désiré, nous cherchons instinctivement à tourner notre esprit sur d’autres pensées, non que celles-là soient par elles-mêmes incompatibles avec le sommeil, puisque nous y rêverons peut-être dès que nous serons endormis, mais parce que, momentanément du moins, leur fixité doit être écartée pour favoriser cet enchaînement rapide et spontané d’idées et d’images, transition indispensable de la veille au sommeil [1].

Un seul genre d’attention peut être compatible avec l’approche du sommeil, c’est celui que nous apportons quelquefois à certaines visions naissantes dont la persistance ou les transmutations deviennent le point de départ du rêve véritable. Mais il faut remarquer que c’est déjà l’attention transportée de la vie extérieure à la vie intérieure. Or, si l’on veut bien constater ce retrait des opérations actives de l’entendement de tout ce qui constitue la vie de relation, et leur report sur la vie imaginaire du rêve, on reconnaîtra que la faculté de faire attention n’est nullement anéantie pour être un moment suspendue ; et que proclamer l’anéantissement de cette faculté parce

  1. Si l'on m'objecte que l'homme exténué de fatigue s'en-dort dès qu'il se couche et dort aussitôt sans transition, je dirai que, si courte qu'elle soit, cette transition n'en existe pas moins.