Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/12

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traction comme de toute surveillance, ayant à produire mes compositions à heure fixe, libre de couper d’ailleurs mes heures de classe suivant mes inspirations ou mon bon plaisir. Ainsi livré à moi-même, il m’arrivait fréquemment d’achever ma tâche avant que le moment ne fût venu de la produire. L’instinctive paresse de tout jeune garçon m’empêchait, on le pense bien, d’en faire tout haut la remarque ; le moindre passe-temps me semblait préférable à quelque surcroît d’occupation forcée qu’on n’eût point manqué de m’assigner. J’employais donc ces instants de loisir d’une manière ou d’une autre. Tantôt je crayonnais, tantôt je coloriais ce que j’avais crayonné. L’idée me vint un jour (j’étais alors dans ma quatorzième année), de prendre pour sujet de mes croquis les souvenirs d’un rêve singulier qui m’avait vivement impressionné. Le résultat m’ayant paru divertissant, j’eus bientôt un album spécial, où la représentation de chaque scène et de chaque figure fut accompagnée d’une glose explicative, relatant soigneusement les circonstances qui avaient amené ou suivi l’apparition.

Stimulé par le désir d’enrichir cet album, je m’accoutumais à retenir de plus en plus facilement les fantasques éléments de mes narrations illustrées. À mesure que j’avançais dans le journal quotidien de mes nuits, les lacunes y devenaient