Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/11

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d’empêchements, abandonnée, sans nulle réserve, à toutes les magnificences de l’idéal ! Les cauchemars, les monstres, les terreurs indicibles suscitent parfois, il est vrai, de très-pénibles émotions ; mais que de régions enchantées, que d’apparitions charmantes, que d’épanchements délicieux et de sensations d’une vivacité inouïe, qui nous font regretter parfois au réveil la trop courte durée de la nuit !

Je sais bien que de tels préliminaires seront fort mal accueillis par certaines personnes, qui assurent n’avoir jamais qu’un sommeil mortiforme, et qui vont jusqu’à repousser, comme une opinion déraisonnable, la seule idée que leur esprit ait pu veiller ; mais ce n’est point pour elles que je publie ce volume ; je les prie même instamment de ne pas l’ouvrir. Ceux dont j’ambitionne le suffrage ne seront pas non plus les spécialistes, résolus par avance à n’examiner une question que d’un seul côté. L’auteur n’est point docteur en médecine, encore moins en philosophie. Quelle qualité a-t-il, en définitive, pour aborder un sujet aussi délicat ? Il est indispensable que le lecteur le sache, et je n’imagine point de meilleure façon de l’en instruire que de lui raconter très-simplement comment ces pages sont venues au jour.

Élevé dans ma famille, où je fis mes études sans condisciples, je travaillais seul, loin de toute dis-