Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/129

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échapperait, il faudrait donc tout d’abord refuser à l’imagination la puissance d’évoquer elle-même des tableaux, par la simple association des idées. Et lorsqu’une série de scènes et de tableaux, liés ensemble par ce phénomène incontestable de l’association des idées, se déroulerait à l’esprit dans un songe dont le point de départ aurait été quelque sensation physique, il faudrait donc appeler rêve ce point de départ, et hallucination tout le surplus ? non sans avoir, en outre, pourvu que les illusions aient été vives, l’appréhension en perspective de quelque altération plus ou moins grande du cerveau ? Qui donc se flattera de pouvoir, avec justesse, établir pratiquement de semblables

distinctions ? S’égarer dans un labyrinthe d’appréciations aussi subtiles, quand on en sait encore si peu que nous en savons sur l’essence même de ces questions mystérieuses, me parait, je l’avoue, d’une grande présomption. Appelons comme il nous plaira les illusions du sommeil, de l’extase, du délire, et même de la folie ; mais reconnaissons qu’il s’agit d’un phénomène unique dans son essence, l’isolement du monde ambiant, le retrait de l’esprit sur lui-même, et par suite la croyance à l’existence et à la succession réelle de faits qui n’existent que dans notre esprit. Étudions d’abord ce phénomène sous sa forme normale, dans le sommeil