Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/145

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que ce qui a lieu dans l’état de veille, où l’on ne se rappelle pas à la fin de la journée la centième partie des pensées qui s’y sont produites [1]. »

Le docteur Adelon, de son côté, combattra l’opinion de ceux qui nient la persistance de la volonté durant le sommeil. Il s’appuiera sur l’expérience de Condillac, et nous dira : « Quelquefois, pendant le sommeil, de véritables travaux intellectuels se produisent, que la volonté semble diriger. Souvent on résout tout à coup, avec promptitude, des difficultés de mémoire, de jugement, d’imagination qu’on n’aurait pas pu vaincre pendant la veille. On est étonné de la lucidité de ses idées et de la facilité avec laquelle on les exprime alors. Cela vient sans doute de ce que l’activité de l’esprit est toute concentrée sur un objet, et n’en est distraite par aucune autre action. »

La même absence de distraction, la même concentration des forces vitales, tandis que les actions de la veille sont suspendues, auront pour résultat d’exalter jusqu’à l’extrême toutes les émotions de l’ordre sensuel. « Si le songe est relatif à la génésie, les organes extérieurs, sous sa dépendance, agissent. Les fonctions des organes intérieurs, qu’émeut d’ordinaire la passion, sont aussi modifiées ;

  1. Brière de Boismont, De l'identité du rêve et de la folie.