Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/150

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de la science moderne, pour montrer que ni les uns ni les autres n’ont su donner du sommeil et des songes une explication vraiment satisfaisante.

Les théories de Magendie, de Bichat, de Gassendi et de l’école de Leibniz sont très finement critiquées par lui. Jouffroy, non plus, n’est point épargné : « Singulier résultat de la physiologie et de la psychologie enseignées aujourd’hui, s’écrie-t-il enfin ; si je demande au physiologiste en quoi consiste le sommeil, il me renvoie immédiatement à l’âme, puisque, suivant lui, le corps ne présente d’autres phénomènes qu’une diminution dans l’état de veille. C’est donc l’âme, ou, comme disent les physiologistes, la vie de relation, qui seule peut expliquer le sommeil. Cessation momentanée ou suspension de la vie de relation, voilà en effet le dernier mot du physiologiste : mais si je m’adresse au psychologue, c’est tout l’inverse. Lui, il me renvoie au corps ; il ne veut pas entendre que son âme dorme, qu’elle entre dans un état spécial, qu’elle soit différente dans le sommeil de ce qu’elle est dans la veille. C’est le corps, me dit celui-ci, qui est soumis, à un état particulier qu’on nomme sommeil ; l’âme est trop noble pour dormir. Le résultat de ces deux sciences, au point : où elles sont aujourd’hui, serait donc évidemment de nous faire nier