Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/157

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« Un esprit qui ne pense pas, c’est un corps grave qui ne pèse pas »,

Il arrive forcément à cette conclusion : « Il n’y a point de sommeil de la pensée. L’esprit ne connaît pas le sommeil. » (Page 61.)

Déjà Leibniz avait dit : « Un état sans pensée dans l’âme et un repos absolu dans le corps me paraissent également contraires à la nature, et sans exemple dans le monde. Si le corps n’est jamais en repos, l’âme ne sera jamais non plus sans perception [1]. »

Ne croyons pas cependant que M. Lemoine reviendra si complètement sur son opinion première. À peine a-t-il émis ces idées qu’il semble déjà les trouver trop hardies. Il cherche dès lors à les tempérer par des restrictions dont j’ai bien du mal, je l’avoue, à saisir la subtilité. Écoutons-le :

« Autre chose est prétendre que l’esprit ne cesse pas un instant de rêver pendant le sommeil, autre chose est dire simplement que la pensée n’est jamais complètement suspendue pendant le repos des organes. Le rêve est une pensée d’une espèce particulière. C’est la forme la plus frappante et la plus commune peut-être de l’activité de notre esprit pendant le sommeil, mais ce n’est pas la

  1. Leibnitz, Nouv. Essais, éd. Erdmann, p. 223.