Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/17

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système m’apparut alors si complète, l’embarras même de coordonner les matériaux que j’avais récueillis me sembla si lourd que le découragement succéda tout à coup à l’ardeur première ; et, absorbé par d’autres études, je laissai reposer celle-là.

Il m’eût été malaisé cependant de n’y plus penser ; conservant toujours, dans la plupart de mes rêves, la conscience de mon état d’homme endormi, je revenais souvent instinctivement aux préoccupations qui m’avaient captivé durant plusieurs années. Un phénomène nouveau se révélait-il à mon esprit, une occasion s’offrait-elle fortuitement d’atteindre une solution longtemps cherchée, je ne résistais pas au plaisir d’y donner mon attention tout entière ; et, bien qu’ayant renoncé véritablement à bâtir, je ne laissais pas cependant que de recueillir encore des matériaux.

Lorsqu’en 1855, la section de philosophie de l’Académie des Sciences morales et politiques vint à donner pour sujet de concours la théorie du sommeil et des songes, question qui semblait oubliée depuis longtemps, des amis, à qui j’avais communiqué déjà plusieurs fragments de mes recherches, m’engagèrent vivement à me placer au nombre des concurrents ; mais indépendamment de ce qu’il m’eût été très-difficile, à mon point de vue, d’accepter le programme tel