Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/170

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du moins ; c’est-à-dire que nous croyons voir, toucher, entendre tout à la fois le fantôme qui est le produit de l’hallucination. Il faudrait donc, pour justifier la théorie ci-dessus proposée, qu’il arrivât de deux choses l’une : ou bien que j’eusse toute seule une hallucination de la vue, de l’ouïe, du toucher, ce qui advient peut-être chez les fous, mais ce qui n’arrive guère en songe ; ou bien qu’au moment où cette cause intestine, ce jeu anormal de quelque fibre, du nerf optique, par exemple, me fait croire faussement à l’apparition d’un fantôme, il y eût précisément un autre jeu anormal du nerf auditif pour me faire croire de même que ce fantôme me parle ; et si le fantôme vient à me toucher, c’est encore par un accord merveilleux de circonstances anormales de la part des nerfs du tact. Inutile d’insister sur ce qu’une pareille thèse aurait d’insoutenable. M. Lemoine le sent bien, et voici comme il s’en tire :

« Supposez que la fièvre précipite le sang dans ses vaisseaux, que les fumées du vin montent jusqu’à mon cerveau, qu’une inflammation de quelqu’une de ses enveloppes produise dans l’encéphale quelque dérèglement, ou même que, dans l’état de santé le plus complet, un de ces mille mouvements qui naissent sourdement et sans être aperçus soit excité tout à coup dans ses profondeurs ; ma raison, si ferme d’ordinaire, s’égare ;