Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/173

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de l’ouïe et du toucher. Il admet donc que l’imagination possède par elle-même la force d’agir aussi puissamment que tous les menus agents cérébraux ? Or, si l’intervention (purement théorique) de ces agents n’est pas indispensable, à quoi bon substituer la fantaisie à l’observation ?

Des réflexions analogues seront inspirées par un autre passage du même chapitre. Après avoir insisté sur cette idée que les organes fournissent la matière du rêve, l’auteur nous montre l’esprit se livrant à la tâche laborieuse et difficile de coudre ensemble toutes ces perceptions disparates, pour en former une trame quelconque, pareil à l’improvisateur qui cherche à marier entre eux des bouts-rimés.

« C’est là, s’écrie-t-il, qu’il faut reconnaître le travail propre de l’esprit du dormeur qui relie les uns aux autres toutes ces bribes, tous ces lambeaux, le moins invraisemblablement possible, le plus conformément qu’il peut aux lois de la nature.

« Quels efforts ne fait-il pas pour trouver des transitions, pour expliquer la présence de celui-ci ou de celui-là, pour créer des rapports absurdes entre des personnages que séparent des siècles et des mers ? Malgré ce travail de la pensée, les rêves sont incohérents ; mais la faute en est aux données mêmes du rêve et non à l’ouvrier. » (Page 134.)