Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/174

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Mais si, comme moi, vous accordez à l’esprit de l’homme endormi cette activité prodigieuse, si vous lui reconnaissez assez de pouvoir et d’initiative pour inventer des incidents transitoires, pour évoquer les images diverses que ces transitions entraînent généralement, pourquoi donc n’évoquerait-il point lui-même des séries entières de tableaux, en suivant tout simplement le cours de ses inspirations propres ? À défaut même d’expérience pratique, et à ne voir là qu’une théorie, celle-là du moins n’aurait-elle pas plus d’apparence de réalité que celle de ces continuels ébranlements cérébraux, et de ce perpétuel travail de rapiéçage auquel l’esprit serait condamné ?


Si l’étude des rêves n’a pas fait plus de progrès jusqu’à ce jour, c’est peut-être parce que la plupart des auteurs qui ont traité ce sujet se sont efforcés de rechercher des causes au lieu de s’attacher à étudier des effets, suivant en cela une méthode toute contraire à celle dont on a fait usage avec tant de fruit dans l’étude des sciences positives, telles que la physique et la chimie. Déjà Maine de Biran avait adopté cette méthode vicieuse des théories préconçues. Tous les songes, selon lui, doivent se ranger en quatre catégories, sans qu’il y en ait une seule qu’il ne rapporte à l’influence des organes, grâce à la concentration de la sensibilité dans l’un d’entre eux. Concentrée dans les