Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/184

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comme effacés, alors que l’association des idées les ramène tout à coup au milieu d’un songe après une longue période d’oubli ; on peut citer, d’un autre côté, et trouver dans sa propre expérience de nombreux exemples d’une lucidité prodigieuse avec laquelle la mémoire nous aura représenté inopinément durant notre sommeil, tantôt le visage d’une personne morte depuis l’époque de notre enfance, tantôt certaines scènes ou certains petits détails dont, éveillés, nous aurions eu grand-peine à recueillir le moindre souvenir. Ceux qui veulent accorder des facultés surnaturelles aux somnambules ont cité, comme preuve à appui de cette croyance, l’exemple d’un rêveur magnétisé, lequel parvint à lire, non seulement sans voir, mais à une distance de cent lieues, divers passages d’un livre rare renfermé dans la bibliothèque publique d’une ville étrangère, où il ne l’avait eu sous les yeux que quelques instants, plusieurs années auparavant. Que ce fait soit extraordinaire, je l’accorde ; qu’il soit surnaturel, je n’en conviens pas. Je n’y reconnais, pour ma part, qu’un tour de force de mémoire, et je demande si l’exacte et vivante représentation en songe, aux yeux de notre esprit, d’une personne qui depuis dix ans est dans la tombe, fait qui ne passe point pour être exceptionnel, ne constitue pas un phénomène psychologique du même ordre, tout aussi surprenant.