Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/188

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que par les organes de tous les autres sens réunis. Il est donc tout simple que les visions constituent la base dominante de nos rêves, et que les autres réminiscences sensorielles n’y entrent à leur tour que pour une part proportionnée à leur importance dans notre vie de relation. Grâce à la solidarité qui s’établit d’ailleurs dans notre mémoire entre les diverses sensations simultanément perçues, le souvenir d’une impression sensorielle de l’ouïe ou du toucher ne se réveillera jamais sans appeler avec elle le souvenir de la vision dont elle fut accompagnée lors de la perception originaire.

Quant à ce fait avancé par Montfalcon, Lemoine et Brillat-Savarin (qui s’en étonne), que les réminiscences du goût et de l’odorat seraient en songe d’une extrême rareté, je ne possède point d’observations particulières assez concluantes pour l’affirmer ou le combattre ; mais je trouverais dans mes observations générales et dans les considérations que j’exposais tout à l’heure une manière parfaitement logique de l’expliquer. Il suffirait de signaler la difficulté que les impressions de ces deux sens, le goût et l’odorat, éprouvent à se graver dans la mémoire. On se rappelle bien, en fermant les yeux, le visage d’un ami ; on retient à merveille une chanson ; mais je doute que par la seule puissance de l’imagination, un homme éveillé