Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/187

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Je ne fais aucune objection à l’encontre de cette proposition en elle-même ; mais ce que je ne saurais admettre, c’est qu’on en veuille tirer la conséquence matérielle que les sens fournissant le moins d’éléments à nos rêves seraient ceux dont les organes demeureraient le plus profondément engourdis. S’il en était ainsi, les auditions et les olfactions seraient bien plus fréquentes que les visions mêmes, car l’ouïe est assurément de tous nos sens celui qui reste le plus impressionnable durant le sommeil. La vérité est simplement que les matériaux du rêve étant fournis par la mémoire (soit qu’il y ait enchaînement spontané des idées, soit qu’il y ait provocation d’un ordre particulier d’idées par suite de quelque sensation organique occasionnelle [1]), la mémoire fournit naturellement ces matériaux dans la proportion, pour chacun d’eux, de la quantité qu’elle en possède. La vue est de tous nos sens celui qui joue le plus grand rôle dans nos impressions réelles de chaque jour ; s’il est des instants où nous voyons sans rien entendre ni sans rien toucher, il n’en est guère où nous touchions, où nous écoutions sans rien regarder. La mémoire est approvisionnée de souvenirs par nos yeux autant et plus peut-être

  1. Comme si le son d’une cloche, par exemple, nous rappelle les cérémonies d’une naissance ou d’un enterrement.