Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/192

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avec des allumettes grossières, et où j’eus pour voisin de table une personne que je n’ai point revue depuis longtemps. Je revois cette personne ; je crois causer avec elle ; quant à l’odeur du soufre, je n’y songe pas. Ma cheminée fume et des vapeurs de suie se répandent dans ma chambre. Peut-être croirai-je assister à un incendie ; peut-être, m’éloignant encore d’un degré de l’idée première, croirai-je visiter une caserne de pompiers. Quant à l’odeur même de la fumée, je n’y songe pas non plus directement.

Sans attacher trop d’importance à cette petite nuance analytique, elle me semble pourtant avoir son intérêt que je laisse le soin d’apprécier aux physiologistes. La sensation est perçue nettement par l’organe, puisqu’elle amène une association d’idées dont la modification du rêve a fait foi ; et cependant elle n’est point perçue comme dans l’état de veille, puisque la notion de la sensation directe ne semble pas même parvenir à l’esprit.

Un phénomène à peu près semblable intéressera parfois aussi le sens de l’ouïe. Des airs de musique entendus de loin ou faiblement pourront, sans entrer eux-mêmes dans le rêve, y évoquer des images de lieux et de personnes au souvenir desquels ils se seront associés dans l’esprit du rêveur ; mais l’analogie ne sera pas complète, parce