Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/193

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qu’alors le motif musical et la personne sont tellement identifiés dans une seule même pensée qu’il y a véritablement rapport direct entre la sensation perçue et l’image évoquée ; comme si l’odeur du soufre m’avait fait rêver que j’allumais moi-même de mauvaises allumettes, ou comme si le parfum d’une fleur me faisait voir, en songe, un bouquet. Il faut ajouter aussi que ces effets sont exceptionnels, en ce qui concerne le sens de l’ouïe, tandis qu’ils forment la règle ordinaire relativement à l’odorat.

En résumé, ce serait donc une pure distraction que de vouloir juger, d’après la nature de nos rêves, du plus ou moins de vigilance que nos organes sensoriels conserveraient pendant le sommeil. On confondrait ainsi la perception réelle avec le souvenir des sensations antérieurement perçues, ce qu’il est pourtant nécessaire de bien distinguer, si l’on veut étudier les phénomènes du rêve dans leurs causes occasionnelles. Que je pose en dormant ma main sur un marbre, et qu’il résulte un rêve où j’imagine manier de la neige. Je dois ce rêve à une perception directe instantanée que me transmet le sens du toucher, mais la neige que je crois voir, mais les autres accessoires purement imaginaires de cette vision, évoqués par l’association des idées, je les dois uniquement à ma mémoire ; ce ne sont que des souvenirs de perceptions reçues antérieurement.