Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/195

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cela que les visions abondent dans nos rêves, et voilà comment le sens de la vue est celui qui conserve le plus d’activité chez l’homme endormi. » Qu’il me soit donc permis de hasarder encore quelques raisonnements à propos de cette pure théorie, suivant laquelle chaque idée étant pour ainsi dire incarnée dans un nerf, la mémoire, au lieu d’être une faculté de l’âme, ne serait plus que le résultat de la propriété qu’auraient les fibres du cerveau d exécuter, par une sorte de galvanisme, des enchaînements rétrospectifs de certains petits ébranlements de fibres précédemment exécutés ; de telle façon que le phénomène de l’association des idées demeurerait lui-même réduit à quelques petits tiraillements cérébraux.

Voyons, avec un tel système, comment le mécanisme du songe est expliqué. Je suppose d’abord que nous devrons admettre dans le cerveau l’existence d’autant de fibres qu’il pourra contenir d’idées. Ceci convenu, voilà que l’une de ces fibres innombrables se prend tout à coup à tressaillir ; cette fibre-là se trouve justement représenter un forgeron debout devant son enclume, un marteau en l’air d’une main et ses tenailles de l’autre, avec une pièce de fer rouge au bout. Mais ce ne sera là qu’une image stéréotype, immobile, et qui ne sera susceptible d’aucune modification, si le premier ébranlement automatique