Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/194

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Tandis que le toucher, l’ouïe, le goût, l’odorat continuent à percevoir, durant le sommeil, des sensations de nature à influencer plus ou moins directement le rêve, il n’est précisément que la vue dont on puisse regarder l’exercice comme entièrement suspendu ; l’œil du dormeur étant de tous les organes sensoriels celui qui demeure le mieux fermé aux impressions du dehors. Les rêves relatifs aux quatre sens les plus accessibles peuvent donc résulter ou du travail seul de l’imagination et de la mémoire, ou bien des sensations instantanées que les organes conservent durant le sommeil la faculté de percevoir, tandis que les visions proprement dites seront toutes des réminiscences pures. Et si quelque cause occasionnelle les évoque, ce ne sera jamais que par l’association des idées et par l’intermédiaire d’un autre sens [1].

Il est vrai qu’on me dirait aussitôt, pourvu qu’on adoptât la théorie de M. Lemoine : « Les fibres qui desservent l’organe de la vue ont une tendance bien plus développée que les autres à s’ébranler sur leur parcours durant le sommeil. Pourquoi ? Nous n’en savons rien ; mais enfin c’est ainsi que nous l’établissons, et c’est pour

  1. Une rare exception pourrait être faite pour le cas où l’œil serait impressionné à travers la paupière par quelque rayon de soleil ou quelque autre lumière très-vive ; mais dans l’ordre habituel des choses, rien de semblable ne se produit.