Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/202

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tandis que l’homme était dans l’eau, le cours de mes idées m’avait fait songer à le sauver moi-même, c’est moi qui me serais trouvé avoir la gaffe en main, c’est moi qui aurais blessé cette personne amie que je voulais sauver : peut-être même l’aurais-je tuée, si la crainte m’en était venue, puisque nous savons que redouter une image, en rêve, c’est le plus sûr moyen de l’évoquer. Alors, j’aurais pu me figurer la douleur de sa famille, je me serais senti suffoqué de larmes ; et au lieu d’assister à un bal, comme dans l’autre combinaison, je me serais cru à l’enterrement du défunt au milieu d’une église tendue de noir. Enfin, si par un nouveau revirement d’idées, la mémoire m’avait subitement ramené au souvenir d’une tout autre personne, avec laquelle je me serais rencontré à quelque convoi, mais aussi dans quelque partie de plaisir, ce nouveau souvenir ravivé aurait brisé la trame dont l’esprit dirigeait le fil ; le catafalque aurait disparu, d’autres décors auraient pris sa place, et l’esprit serait rentré dans son rôle passif indiqué plus haut.

C’est ainsi que les phénomènes alternatifs d’activité et de passivité se manifestent. C’est ainsi que les images s’enchaînent et se succèdent dans les songes, c’est ainsi que les scènes et les tableaux les plus disparates en apparence sont toujours étroitement liés par le principe de l’association des