Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/201

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il n’y aura rien de surprenant à ce que ce soit aussitôt cette personne qui captive mon attention. Tout cela n’empêche point mon imagination de poursuivre, en les suscitant elle-même, toutes les péripéties du drame qui s’accomplit. Maintenant, s’il vient à passer par l’esprit la crainte que la barque ne chavire, ou qu’un harpon ne blesse celui qu’on veut sauver, ces accidents se réaliseront très probablement avec la rapidité de la pensée. Si je suis, au contraire, une direction d’idées qui ait le sauvetage pour résultat, je pourrai me trouver tout à coup à côté du sauvé, le félicitant de tout cœur et lui serrant affectueusement la main. Lui ai-je donné déjà quelque poignée de main au milieu d’un bal, en le complimentant sur quelque heureux événement de famille ? Ce bal ressuscitera peut-être aux yeux de mon esprit sans autre transition. Je rêverai que je valse ; l’association des idées s’engagera dans une tout autre voie, et mon esprit, cessant dès lors d’y apporter son attention dirigeante, les incidents les plus disparates pourront se succéder et s’emmêler de nouveau sans qu’aucune action suivie les domine, sans que je puisse découvrir, au réveil, comment ils se sont liés les uns aux autres, pourvu que j’aie perdu le souvenir du moindre chaînon.

Remontons à l’une des phases de ce rêve : si,