Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/217

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imagination sensible, passive, animale, mémoire imaginative, elle tient de plus près encore à la sensibilité qu’à l’intelligence ; elle dépend presque autant de la sensibilité des organes que de celle de l’âme. Ses qualités ne sont que celles d’un miroir ou d’un écho qui réfléchit ou répète, avec plus ou moins de fidélité et de distinction, les images et les bruits. La seconde l’imagination qui fait le poète dans le sens grec du mot suit une marche inverse de la précédente. Au lieu d’être le miroir ou l’écho des organes du dehors, elle rayonne sur les sens et les organes qui imitent et représentent à leur manière, avec les sons, les couleurs et les mouvements de toute sorte, les conceptions de l’esprit. Ces représentations sont bizarres ou belles ; ce sont des combinaisons mesquines ou de grandes et véritables créations ; au moins est-ce toujours l’esprit qui agit sur les sens et la matière.

« S’il importe pour la psychologie de la veille d’établir cette différence, elle a bien plus d’importance encore dans la psychologie du sommeil et l’analyse des rêves, pour faire la part de l’influence des organes et celle de l’esprit.

« On doit, en effet, distinguer deux sortes d’hallucinations dans le sommeil, comme dans la folie : l’une qu’on pourrait appeler organique et qui a pour cause l’état d’engourdissement ou de maladie du cerveau et le mouvement intestin qui y