Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/234

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de mon rêve savait mieux la géographie que moi, c’est-à-dire, bien entendu, que je m’étais rappelé en rêve un fait oublié à l’état de veille, et que j’avais mis dans la bouche d’autrui ce qui n’était qu’une mienne réminiscence. »

« Enfin, rapporte encore M. Maury, j’avais, il y a maintenant dix-huit années, passé la soirée chez le peintre Paul Delaroche, et j’y avais entendu de gracieuses improvisations sur le piano d’un habile compositeur, M. Ambroise Thomas. Rentré chez moi, je me couchai et demeurai longtemps sans pouvoir m’endormir ; à la fin, le sommeil me gagna, et voilà que j’entends comme dans le lointain plusieurs des jolis passages qu’avaient exécutés les doigts brillants de M. Ambroise Thomas. Notez que je ne suis pas musicien et que j’ai la mémoire musicale peu développée. Je n’eusse certainement pu me rappeler à l’état de veille de si longs morceaux. »

Dans ces rêves où nous croyons nous entretenir avec diverses personnes, nous attribuons à autrui des pensées ou des paroles qui ne sont autres que les nôtres, cela est évident ; mais on devra remarquer que l’une des raisons qui nous portent à imaginer que ces discours sont tenus par une personne étrangère, est précisément que nous ne nous souvenons pas d’avoir conservé ces souvenirs, s’il m’est permis de parler ainsi.