Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/242

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de monter ? Affirmons hardiment que, dans les mêmes conditions et pour les mêmes causes, notre faculté de souffrir ou de jouir s’épanouira avec une vigueur qu’éveillés nous ne lui aurions pas soupçonnée. »

Brillat-Savarin avait épanché, de son côté, cette boutade sensualiste : « Il n’y a que peu de mois que j’éprouvais en dormant une sensation de plaisir tout à fait extraordinaire. Elle consistait en une espèce de frémissement délicieux de toutes les parties qui composent mon être. C’était une espèce de fourmillement plein de charmes qui, partant de l’épiderme depuis les pieds jusqu’à la tête, m’agitait jusque dans la moelle des os. Il me semblait avoir une flamme violette qui se jouait autour de mon front.

Lambire flamma comas et circum tempora pasci.

« J’estime que cet état, que je sentis bien physiquement, dura au moins trente secondes, et je me réveillai rempli d’un étonnement qui n’était pas sans quelque mélange de frayeur.

« De cette sensation qui est encore très présente à mon souvenir et de quelques observations qui ont été faites sur les extatiques et sur les nerveux, j’ai tiré la conclusion que les limites du plaisir ne sont encore ni connues ni posées, et qu’on ne sait pas jusqu’à quel point notre corps peut être béatifié.