Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/241

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assez d’étendue : « La sensibilité externe étant parfois affaiblie au point de sembler presque suspendue, durant le sommeil, et la sensibilité interne, par contre, acquérant un énorme surcroît d’activité, les besoins organiques et les actes intimes de la vie végétative sont une source inépuisable de rêves féconds en enseignements précieux. « La sensibilité morale, c’est-à-dire cette disposition tendre et délicate de l’âme humaine à être touchée et émue, devient aussi d’une vivacité extrême. De là le développement remarquable qu’acquiert le sentiment de la pitié, de la compassion, etc., dans les songes, au point de nous réveiller les yeux baignés de larmes. La joie, les chagrins, les peines et les plaisirs sont aussi plus vifs et plus profonds que dans la vie réelle livre [1]. »

Charma et Brillat-Savarin, deux auteurs d’inspirations si différentes, s’étaient déjà trouvés d’accord sur le même sujet.

« Ne nous est-il pas démontré, avait écrit Charma, que nos affections malveillantes et bienveillantes s’élèvent, quand nous dormons, la liberté ne les contenant plus que d’une main affaiblie, à un degré d’exaltation auquel, pendant la veille, notre raison pleine et entière ne leur permet pas

  1. Macario, Du sommeil, des rêves et du somnambulisme, ch. II.