Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/267

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par cette discussion imaginaire, car je me souviens parfaitement que je n’étais pas encore endormi et que je n’avais encore aucune vision, quand j’en agitai dans ma tête les premiers éléments. Peut-être le personnage en perruque me fut-il inspiré par un portrait de Fontenelle, placé en tête du livre que j’avais lu. Toujours est-il que ce personnage, avec lequel je discutais, tira de sa poche un instrument de forme singulière, etc., etc. » Suit le récit du rêve, qui dès lors est parfaitement caractérisé.

Ainsi le passage de la veille au sommeil, de la pensée de l’homme éveillé au rêve de l’homme endormi, peut s’opérer graduellement sans qu’il y ait interruption dans la chaîne des idées, sans qu’il se produise, en un mot, entre ces deux états une sorte d’interrègne intellectuel. Les yeux du corps ne se ferment au monde réel que pour laisser les yeux de l’esprit s’ouvrir au monde de la fantaisie et des souvenirs.

J’ai déjà fait la remarque que, dans ces moments d’insomnie où l’on attend depuis longtemps le sommeil, l’un des indices les plus certains qu’il approche, c’est l’apparition, si fugitive qu’elle soit encore, de quelque image bien nette et bien colorée, au milieu des silhouettes confuses qui accompagnent les idées de l’homme à demi assoupi. J’ajouterai que plus de vingt expériences