Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/274

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Un très grand nombre de fois, j’ai retrouvé toute la filière qu’avait suivie l’association de mes idées durant une période de cinq à dix minutes, écoulée entre le moment où j’avais commencé à m’assoupir et celui où j’avais été tiré d’un rêve déjà formé, c’est-à-dire depuis l’état de veille absolue jusqu’à celui de sommeil complet. Et plusieurs amis, sollicités par moi de faire les mêmes expériences, m’ont affirmé avoir obtenu les mêmes résultats.

Réveillé après plus d’un quart d’heure de sommeil, je n’ai jamais pu remonter sûrement le cours de mes visions jusqu’à cette période hypnagogique qui avait dû servir de point de départ. J’ajouterai qu’ayant eu l’occasion de réveiller souvent une personne qui rêvait tout haut, de telle sorte qu’elle-même me fournissait ainsi tout en dormant un point de repère dans ses rêves, j’ai constamment observé, en l’interrogeant aussitôt sur ce qu’elle venait de rêver, que ses souvenirs ne remontaient presque jamais au-delà d’un laps de cinq à six minutes.

Ce temps si court suffit cependant pour laisser dans notre esprit des impressions qui semblent correspondre à l’écoulement d’une journée entière, car, ainsi que nous l’avons dit ailleurs, on juge du temps accompli par le nombre et la nature des événements qui ont paru se succéder.