Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/275

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J’ai lu quelque part l’histoire d’un mangeur de haschisch, qui dans une nuit de surexcitation mentale crut avoir vécu cent années, et si je mets en doute qu’il ait pu garder à son réveil tous les souvenirs de cette longue carrière, j’admets parfaitement qu’il ait pu voir dénier en douze heures plus d’événements que n’en saurait contenir une vie de cent ans. Je crois même que, sous l’empire d’un sommeil normal et régulier, chacun de nous trouverait dans ses rêves d’une nuit de quoi remplir une année de son existence, s’il parvenait à se rappeler le matin tout ce qu’il vient de rêver ; mais comment cela serait-il possible s’il n’est pas un de nous qui pourrait seulement, après une demi-heure de rêverie, se rappeler la multitude des pensées qui ont traversé son esprit ? Et combien ne serait-il pas plus difficile encore de ressaisir des associations d’idées d’autant plus fugaces qu’elles se sont opérées plus fantasquement ?

Ne pouvant citer dans ce volume qu’un nombre très limité des observations que j’ai faites ou recueillies, je dois prévoir qu’on ne les jugera peut-être pas toujours suffisamment convaincantes ; mais j’engagerai tous ceux que ce sujet intéresse à ne point reculer devant l’expérimentation personnelle, et je suis persuadé qu’ils seront très promptement d’accord avec moi pour établir les points suivants :