Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/28

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Ayant ainsi indiqué comment s’opère, selon moi, la formation de ce que j’ai appelé le cliché-souvenir, je poserai dès à présent trois propositions, qui sont comme le résumé de ce qui précède :

1° Le plus ou moins de netteté des images que nous voyons en songe dépend, le plus souvent, de la perfection plus ou moins grande avec laquelle le cliché-souvenir s’est originairement formé[1].

2° Lorsque nous croyons apercevoir en songe des personnages ou des choses dont nos yeux n’auraient eu jusqu’alors aucune notion, cela tient uniquement à ce que nous avons perdu le souvenir direct des circonstances qui présidèrent à la formation des clichés-souvenirs auxquels ces visions sont dues, ou que nous ne reconnaissons pas le type primitif sous une forme modifiée par le travail de l’imagination.

Nous sommes, à leur égard, dans la situation de l’homme qui possède sans s’en douter, mais, en modifiant un axiome célèbre, on pourrait dire :

Nihil est in visionibus somniorum quod non priùs fuerit in visu.

3° La nature des clichés-souvenirs, dont notre mémoire s’approvisionne, exercera sur nos rêves

  1. Ceci devant s’entendre des rêves lucides, et non de ceux où l’imperfection des images tient à l’imperfection du sommeil. C’est une observation qui sera toujours sous-entendue.