Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/283

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demeurerait impuissante à l’arrêter. C’est ce qui a lieu surtout lorsque les images évoquées sont de nature à exciter des émotions violentes. La crainte de voir apparaître une image suffit généralement pour en provoquer l’apparition immédiate, par cela même que l’esprit s’en préoccupe ; c’est un fait que nous avons déjà mentionné ; mais n’est-ce point encore, aux images près, ce qui arrive à l’état de veille, quand nous cherchons vainement à écarter quelque préoccupation douloureuse dont nous sommes obsédés ?

Et, d’un autre côté, combien de songes où nous croyons avoir à prendre quelque détermination grave, où nous délibérons, où nous ordonnons une scène qui s’exécute sous nos yeux ! Je rêve, par exemple, qu’on a surpris un voleur chez moi, qu’on me l’amène, et qu’on me demande ce qu’il en faut faire. J’hésite un moment ; je décide enfin qu’on le laisse échapper. Je vois l’homme s’enfuir. Ce tableau même n’est-il pas un produit de ma volonté ?

Si nous parvenons à bien établir que la volonté peut conserver assez de force, durant le sommeil, pour diriger la course de l’esprit à travers le monde des illusions et des réminiscences (ainsi qu’elle dirige le corps dans la journée à travers les événements du monde réel), il nous deviendra facile de persuader qu’une certaine habitude