Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/285

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les éclaircir. Je poursuis donc les citations de mon propre journal.

Volonté et attention. — « J’ai rêvé que j’étais dans une allée de jardin. J’avais le sentiment que je rêvais ; je pensai aux divers problèmes dont je voudrais poursuivre la solution. Une branche de lilas en fleur était devant les yeux de mon esprit.

Je la considère avec une attention indubitable. Je me souviens d’avoir lu que les réminiscences de l’odorat sont rarement justes dans nos rêves ; je saisis la branche, et je m’assure d’abord que l’odeur du lilas se trouve rappelée dans ma mémoire par l’association des impressions solidaires que cet acte imaginaire, mais volontaire, a provoquées. Maintenant cette vision d’une grappe de lilas, intacte, oblongue, adhérente à l’arbuste, et telle que je l’aperçois enfin, est-ce une vision stéréotype, l’invariable reproduction d’une image-souvenir, gravée dans les fibres de mon cerveau, comme diraient les matérialistes ? En ce cas, mon imagination et ma volonté seront impuissantes à la modifier. Tout en faisant ces réflexions, j’avais cassé la branche, et je déchirais la grappe de lilas, non sans remarquer, après chaque parcelle que j’arrachais, combien les aspects successifs de ce bouquet, de plus en plus réduit, étaient toujours nets et vraiment conformes à ce qu’ils eussent été si j’avais agi ainsi en réalité. Quand il ne resta