Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/290

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déjà sur toute autre émotion, je pus observer ce qui suit : le monstre fantastique s’était arrêté à quelques pas de moi, sifflant et gambadant, d’une façon qui tournait au burlesque dès qu’elle n’était plus effrayante. Je remarquai les griffes de l’une de ses mains ou pattes, comme on voudra les appeler, au nombre de sept et très nettement dessinées. Les poils de ses sourcils, une blessure qu’il semblait avoir à l’épaule, et une infinité d’autres détails offraient une précision qui permettait de ranger cette vision parmi les plus lucides. Était-ce la réminiscence de quelque bas-relief gothique ? En tout cas mon imagination y avait ajouté le mouvement et la couleur. L’attention que j’avais concentrée sur cette figure avait eu pour résultat de faire évanouir comme par enchantement ses acolytes. Elle-même parut bientôt ralentir ses mouvements, perdre sa netteté, prendre un aspect cotonneux, et se changer enfin en une sorte de dépouille flottante, pareille à ces costumes fanés qui servent d’enseigne aux magasins de déguisements pendant le carnaval. Quelques tableaux insignifiants se succédèrent, et puis je me réveillai. »

Ce rêve ne se renouvela plus, spontanément du moins ; mais il fut pour moi l’occasion d’une autre expérience, plus concluante encore peut-être, touchant les effets sur la trame de nos songes de la