Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/289

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le souvenir de ce songe odieux se ranimait aussitôt ; je jetais les yeux sur la porte, et la pensée de ce que je redoutais de voir apparaître ayant précisément pour effet d’en provoquer la réapparition subite, le même spectacle et les mêmes terreurs se renouvelaient de la même façon. J’en étais d’autant plus affecté à mon réveil que, par une fatalité singulière, cette conscience de mon état, que j’avais dès lors si souvent pendant mes rêves, me faisait constamment défaut quand celui-ci revenait. Une nuit pourtant, à son quatrième retour, et au moment où mes persécuteurs allaient recommencer leur poursuite, le sentiment de la vérité se réveilla tout à coup dans mon esprit ; le désir de combattre ces illusions me donna la force de dompter ma terreur instinctive. Au lieu de fuir, et par un effort de volonté assurément très caractérisé en cette circonstance, je m’adossai donc contre la muraille, et je pris la résolution de contempler avec une attention fructueuse les fantômes que jusqu’alors j’avais plutôt entrevus que regardés. Le premier choc moral fut assez violent, je l’avoue, tant l’esprit, même prévenu, a peine à se défendre d’une illusion redoutée. Je fixai mes regards sur le principal assaillant, qui ressemblait assez à l’un de ces démons hérissés et grimaçants sculptés aux porches des cathédrales, et l’amour de l’étude l’emportant