Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/308

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entendu crier des chouettes au B... puisque, dans la réalité, je n’aurais pu me trouver le même soir au B... et à Paris, que près de quinze lieues séparent. Je songe donc qu’il y a des chouettes à Paris, comme au B..., et que voilà deux nuits de suite que j’en suis importuné.

Or, si tout éveillé j’avais une hallucination de la vue qui me fit croire, étant à la campagne, que je suis à Paris, et si je raisonnais tout haut comme je raisonnais dans ce rêve, je serais un fou, et cependant mon esprit raisonnerait juste sur les impressions qu’il aurait reçues.

Déjà j’ai dit quelques mots de cet élément de comparaison analytique entre le rêve et la folie qui n’a pas échappé à M. Lemoine. Je ne m’y arrêterai pas ici plus que je ne l’ai fait précédemment, afin de ne point m’écarter de la route même que je me suis tracée ; mais, si légère qu’ait été l’indication, elle aura suffi, je l’espère, pour justifier cette opinion que si nous portons des jugements déraisonnables dans un très grand nombre de nos rêves, cela tient à ce que nous basons ces jugements sur des illusions incohérentes, et non point à ce qu’il y a altération ou inconséquence dans la logique même de nos raisonnements.