Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/322

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l’opinion motivée des deux autres, lorsqu’une circonstance fortuite me réveilla. Or, la lecture véritable ayant eu lieu, les choses se passèrent exactement comme dans mon rêve. Aux expressions près, la discussion fut presque identique.

Je ne vis rien là de surnaturel ; mais je dus admirer pourtant la puissance d’induction dont mon imagination avait fait preuve, grâce au recueillement du sommeil.

Cette classe de rêves offre d’ailleurs une variante des plus remarquables. Sans nous faire les interprètes d’aucune individualité étrangère à la nôtre, il arrive aussi que nous trouvons en nous-mêmes, et par une sorte de dédoublement moral, tous les éléments d’une controverse très animée. Nous plaidons alors le pour et le contre des opinions qui nous occupent ; tantôt nous sommes les avocats de l’une des causes qui se débattent, tantôt, juges plus ou moins impartiaux, nous croyons assister simplement à la discussion des êtres imaginaires que nous faisons parler. Je ne sache guère d’analyse plus fertile en observations curieuses que celle de ces sortes de débats où notre conscience, nos instincts, toutes les voix intérieures de nos passions se font entendre par la bouche des personnages caractéristiques sous la forme desquels notre imagination a jugé à propos de les évoquer.