Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/323

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Toujours significatives, ces personnifications ont souvent leur poésie. Un de mes amis les plus intimes m’a rapporté que peu de jours avant de conclure un mariage, dont il s’est très bien trouvé d’ailleurs, mais à l’égard duquel il était encore très hésitant et très perplexe, par la crainte vague de l’inconnu, il eut un rêve dans lequel il écoutait alternativement les discours de deux femmes, qui lui donnaient des conseils appropries aux circonstances, et qui s’efforçaient chacune de le persuader. L’une, jeune blonde, élégante et très jolie, faisait une peinture très vive du bonheur exceptionnel qu’il était permis d’espérer une fois dans sa vie, si l’on savait prendre pour femme une jeune fille vers qui l’on se sentît irrésistiblement entraîné. Elle traçait, en opposition, un tableau désolant de tous les regrets qui pouvaient suivre une union dépourvue de véritable sympathie. Elle n’admettait pas qu’on se mariât sans une inclination bien prononcée, estimant que la moindre hésitation, en pareille matière, devait arrêter court tout homme heureusement inspiré. L’autre, grave, moins jeune, et vêtue de noir, réfutait avec un sourire plus triste que sévère ces arguments passionnés. Elle appelait rêveries ce que l’avocat blond nommait sagesse ; elle montrait le côté purement sérieux du mariage, le danger de certains enthousiasmes et de certaines