Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/329

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rien de mieux que d’essayer de répéter ce peu que nous nous en rappelons tout machinalement. Nous invitons ainsi notre mémoire à se tirer d’affaire elle-même ; nous reconnaissons instinctivement que les efforts de notre attention ne serviraient qu’à la troubler ou à la dérouter.

Les exemples qui précèdent ont peut-être déjà résolu, dans le sens de l’affirmative, la question de savoir si la mémoire acquiert pendant le sommeil un degré de puissance qu’elle n’a jamais chez l’homme éveillé. Passons en revue maintenant quelques relations de songes où la puissance créatrice de l’imagination soit particulièrement mise en jeu.

« Je crus voir, en rêve, une jeune fille vêtue à l’antique, qui jouait sans se faire aucun mal avec plusieurs morceaux de fer rougis au feu. Chaque fois qu’elle y touchait, de longues flammèches demeuraient un instant suspendues à ses doigts, et quand elle frottait ensuite ses mains l’une contre l’autre, il en jaillissait une pluie d’étincelles qui s’éparpillaient avec bruit. »

Il est évident que je n’ai rien pu voir de semblable dans la vie réelle, du moins quant à l’ensemble de ce tableau ; cependant, chacune des images qui composaient cet ensemble a pu être isolément recueillie par ma mémoire. J’ai pu voir dans quelque tableau véritable une jeune fille vêtue