Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/328

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A l’égard de tous ces discours tenus par les personnages de nos songes, remarquons encore que le fait d’être l’expression de nos propres pensées n’empêche point qu’ils ne renferment souvent pour nous beaucoup d’imprévu réel. Les réponses du personnage imaginaire avec lequel nous croyons nous entretenir se formant en quelque sorte à notre insu, sans aucun effort de notre part, et par le seul effet de l’association des idées, il en peut résulter des raisonnements et des retours de mémoire qui nous étonnent parce que nous ne les aurions jamais faits étant éveillés.

Il arrive aussi très souvent qu’une phrase ou même un mot de ces conversations nous jette tout à coup dans un rêve tout différent, en évoquant instantanément un autre ordre d’idées, et cela par une si brusque transition, que nous ne songeons même plus à la question qui a motivé ce changement à vue.

L’illusion de nous croire étrangers au travail de notre propre mémoire accroît d’ailleurs sensiblement la puissance de cette faculté, toujours d’autant plus expansive qu’elle se développe Plus spontanément. Ce qui se passe en rêve est alors assez conforme à ce que nous pouvons observer à l’état de veille, où, pour retrouver quelque motif musical ou ressaisir quelques vers, quelques fragments littéraires qui nous échappent, nous ne savons